Catherine Ethier – Dire 1000 vulgarités tout en les habillant de velours

 

Je reçois aujourd’hui une vraie paillette, une femme extraordinaire, drôle à souhait et branchée sur qui elle est : la chroniqueuse et blogueuse Catherine Ethier, qu’on a la chance de retrouver dans l’émission Code F sur la chaîne Vrak, et dans Gravel le matin sur Radio Canada.

Catherine se démarque par un ton décalé, un humour intelligent et nous livre dans cette entrevue empreinte d’une grande humilité.

Comment elle fait son chemin dans le curieux monde télévisuel, et comment sa réussite rime avec authenticité, créativité et remise en question.

Naturellement authentique

L’authenticité n’est pas quelque chose qui est planifié.

Pour jouer un rôle, il faut des talents de comédienne que Catherine n’estime pas avoir. Il lui est impossible d’essayer d’être quelqu’un d’autre. Elle essaie de faire son devoir d’honnêteté, de par ses textes et ses chroniques.

Elle confie être intimidée par le milieu du showbiz, « parfois séduite, souvent déçue, souvent horrifiée ». Elle a besoin d’être vraie pour se reconnecter à elle-même et rencontrer des gens vrais.

Bien entendu il y a une petite façade : c’est une façon de se protéger pour ne pas mourir de panique et d’anxiété devant la caméra !

À ses débuts dans Code F, on se souciait de son bien-être, car elle dégageait malgré elle une certaine vulnérabilité.

Si cette image l’a dérangée au départ, elle apprend aujourd’hui à accepter qui elle est.

« Réaliser que je suis peut-être moins solide à certains niveaux », avoir l’humilité de reconnaître ses faiblesses permet aussi l’authenticité.

On a le droit de montrer ça dans les médias, d’aller au-delà de l’image magnifiée que le showbiz crée de soi.

Pas de compromis

Catherine a toujours eu la chance de se voir donner carte blanche dans toutes ses tribunes.

La liberté de dire et d’être et la liberté de ton sont très appréciables. On l’approche en général pour son côté fofolle, car c’est ce qui la rend pertinente. Mais si à l’avenir on devait lui imposer des choses, elle ne ferait pas le compromis de se travestir.

Son identité de chroniqueuse est non négociable : personne ne doit pouvoir écrire à sa place, lui mettre des mots dans la bouche, ou lui donner un rôle de faire-valoir comme c’est souvent le cas dans ce milieu.

La remise en question pour garder les pieds sur terre

Dans le showbiz, on reçoit énormément de témoignages d’affection, et ça peut monter à la tête, même si ça booste aussi la confiance en soi. « Je reçois tellement d’amour, trop peut-être ».

On voit tellement de gens connus qui se laissent embarquer dans cette starification, ça fait peur. Pour rester les pieds sur terre, il faut se remettre en question.

La créativité naît de la curiosité

Si Catherine Ethier se destinait plutôt à une carrière scientifique, elle n’en a pas moins été créative dès le plus jeune âge.

Elle admet toutefois avoir développé sa créativité depuis qu’elle est chroniqueuse, l’essence de son travail étant d’écrire régulièrement des chroniques qui font rire. « C’est ce qui me garde en vie ».

Il n’y a donc pas d’autre choix que celui de se renouveler. Il est d’ailleurs assez complexe parfois de trouver des sujets ; même s’ils existent, même si l’actualité est là, il peut être difficile d’y trouver un angle comique.

Catherine essaie donc d’être fidèle à ce qui la fait rire. Et souvent, ses sujets lui viennent de l’observation et de l’écoute de ce qui se passe autour d’elle, dans les transports en commun, dans les lieux publics.

C’est une source d’inspiration, une vraie mine d’idées : « les plus beaux sujets viennent souvent de discussions de gens que j’écoute et que j’observe ».

Il n’y a pas vraiment d’exercices ou de mantras pour développer sa créativité : il faut être curieux, lire le plus possible, s’intéresser régulièrement à de nombreux sujets. Ce qui n’empêche pas que parfois, « c’est le désespoir à minuit et quart le soir » !

Il n’y a pas non plus de recette pour faire du viral. C’est souvent le fruit du hasard. On ne maîtrise pas forcément les critères qui font le succès d’une chronique.

Parfois on produit des choses dont on n’est pas fier, et pourtant on emporte l’adhésion massive du public. Ca peut faire douter ! Il faut savoir se rebrancher à qui l’on est.

Les échecs permettent de se recentrer

Il faut être capable d’accueillir la critique quand elle est constructive. Et il faut savoir garder les pieds sur terre quand on a du succès.

Catherine confie que les nombreux commentaires positifs qu’elle reçoit peuvent la faire « vaciller dans sa créativité ».

Le danger c’est la pression qu’on se met à ne pas vouloir décevoir, et de penser que plus on est bon, meilleur il faut être. Ca devient vite démesuré.

Il est bon d’alterner un chronique à succès avec des chroniques moins bonnes : ces échecs permettent de se recentrer, de rester fidèle à ses idées et de relativiser : « je lis des chroniques marrantes, je ne sauve pas des vies, donc ce n’est pas grave » !

Le succès est très relatif

Catherine Ethier n’a pas peur du succès en soi, mais du succès dans ce drôle de milieu qu’est le showbiz, qui propulse brutalement de l’anonymat au statut de star.

Cela peut faire penser qu’on est devenu quelqu’un d’autre, « mais tu es la même personne ! », même si d’une année à l’autre, on se bonifie et on apprend.

Le succès dans l’œil de la caméra peut générer la peur de prendre une mauvaise décision, de participer à un projet qui vous fait devenir une tête d’affiche plus qu’une personne qui écrit, et donc au final de se dénaturer.

« J’essaie de relativiser mon petit succès ». La réussite ne se mesure pas forcément au nombre de gens qui vous suivent sur les réseaux sociaux. Certes il y a le succès de l’image, mais il vaut mieux mesurer sa réussite à la qualité de ses chroniques.

En tout cas, Catherine Ethier préfère jauger son succès au niveau de la fierté de soi.

La paillette de Catherine Ethier

Sa façon de s’exprimer, un peu théâtrale, crée sans doute son unicité. Elle se fait vraiment plaisir à dire « des choses excessivement vulgaires avec des mots sur lesquels on danserait le menuet !» 

La liberté de dire des choses dénuées de bon sens ou qui ne seraient peut-être pas permises dans un autre contexte est un vrai bonheur. Et ça passe à partir du moment où on les habille de dentelle.

Les filles, parfois vous n’osez pas briller par peur de plein de choses. Dites-vous que comme Catherine Ethier, on peut briller en restant vraie, et en toute humilité.

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