C’est lourd, hein, depuis quelques mois? Tous les projets et les rêves qu’on avait en tête se sont envolés, en cette année particulièrement étrange.
Je voulais de mon côté aller en Argentine et au Chili, et refaire un détour par Hawaï.
J’avais aussi prévu louer un amphithéâtre de 5000 places ici, à Paillettesville, et avoir une chorale de 1000 adolescentes qui m’accompagne en plus d’avoir un orchestre symphonique. Je voulais aussi me produire sur la grande scène du Grand Rex de Paris.
Je voulais surtout me marier. Avec l’homme de ma vie.
Tout ça était sur mon visionboard. Le même qui est encore affiché dans mon bureau et que je regarde à l’instant même où je vous écris ces lignes.
De bien beaux projets. Avec des étapes que j’avais même mises sur papier. Qui étaient toutes placées dans un calendrier concret.
Mais, bon. La fin du monde est arrivée. Tout ce que j’avais imaginé n’allait visiblement pas arriver comme je l’avais prévu.
Ça fait qu’en mars, j’ai rapidement mis une croix sur l’idée de prendre un avion dans les prochains temps pour parcourir le monde.
J’ai aussi vu s’envoler en un claquement de doigts mon projet de faire de grandes scènes.
Et l’homme de ma vie m’a finalement brisé le cœur. En fait, JE lui ai encore laissé l’opportunité de le faire (oui, j’ai beaucoup travaillé ma notion de responsabilisation, cette année).
Je suis de nature rêveuse. C’est plutôt facile pour moi d’avoir une vision de ce qui est, et de ce qui sera. Habituellement, tout ce que je mets sur ma bucketlist, je m’arrange pour que ce soit coché. Ça n’a cependant pas toujours été ainsi. Pendant de nombreuses années, j’ai ignoré ce que j’appelle mes pulsions de vie. J’ai étouffé mes rêves les plus fous, sous prétexte que j’étais une maman, que ce n’était plus le temps, que je ne savais pas par où commencer. Bref, toutes les raisons étaient bonnes.
Ça a donc été très difficile pour moi de devoir abandonner mes idées de grandeur de 2020. C’était réellement comme si je perdais une partie de mon identité. Comme si je ne pouvais pas exploiter le plein potentiel de qui je suis.
La réalité est que nous n’avons aucune idée de quoi sera fait demain. Cette situation qui est si injuste pour un bon nombre d’entre nous, et tout à fait légitime pour d’autres, perdurera peut-être encore des années. Nous sommes confinés dans nos maisons, privés de voir d’autres couchers de soleil que celui qui est devant notre balcon. Comme demain est incertain, il est plutôt difficile de se projeter dans ce qu’on souhaite. Et on doit aussi, peut-être, revoir nos aspirations pour les réduire ou les adapter au contexte.
Pour continuer de rêver en pleine pandémie, je pense qu’il faut d’abord et avant tout revoir ses valeurs et ses priorités. L’ambition qui nous habitait en février 2020 est peut-être encore présente au fond de nous, mais devra être revisitée différemment. Au lieu de maudire l’humanité pour les projets que vous aviez et qui ne pourront pas voir le jour maintenant, vous pourriez avoir envie de développer une nouvelle compétence, ou de favoriser un nouvel apprentissage qui vous fera grandir. Pourquoi ne pas apprendre la guitare, le piano? Développer votre talent artistique pour le simple plaisir de le faire. Ce ne sont pas les cours en ligne qui manquent.
Les contacts humains, les voyages, les découvertes, ne sont plus possibles comme avant. Mais si vous puisiez dans la créativité pour pouvoir faire les choses de façon complètement éclatée? Je suis consciente qu’un camping dans le salon avec les enfants, avec de la musique tropicale en background, c’est beaucoup moins exotique que d’être dans un paradis terrestre. Mais en même temps, cela créera des souvenirs pour toute une vie avec votre marmaille!
Cette période, sans doute la plus bizarre de l’humanité, nous amène aussi à réfléchir sur qui l’on est et ce que l’on veut. Et c’est la base pour savoir à quoi rêver ensuite. C’était facile de coucher sur papier des idées sans trop savoir pourquoi on avait envie de les réaliser. C’est aussi ce dont je me rends compte. Je souhaite intérieurement qu’on puisse rouvrir librement les frontières, et continuer de faire mon travail comme avant. Mais je dois aussi accepter qu’il se peut que ça ne revienne jamais comme c’était avant. Je dois absolument redéfinir mon identité pour bien aligner mes actions et être en cohérence avec ce que j’ai envie d’incarner à travers ce chaos planétaire.
Plus que jamais, j’ai envie de contribuer. Je sais maintenant que je peux continuer de nourrir mes communautés sur les réseaux sociaux et leur insuffler une dose de Paillettes, même à distance.
Plus que jamais, j’ai un immense besoin d’espace et de grandeur. J’ai donc décidé d’aller de l’avant avec un nouveau projet immobilier pour me permettre de créer dans plus grand. Ce n’était pas forcément dans le plan, au départ, mais je réalise à quel point j’ai des étoiles dans les yeux actuellement.
Je vais sous peu m’acheter une guitare. J’en ai joué longtemps alors que j’étais adolescente, et j’imagine déjà ma fierté lorsque je gratterai ma première chanson de Taylor Swift.
J’ai aussi choisi de m’accorder plus de temps. Un vieux rêve qui a souvent refait surface dans ma vie mais que j’oubliais à travers le tourbillon. Plus de temps pour m’entraîner, pour lire, pour prendre soin de moi, et pour être avec mes enfants.
J’ai découvert au cours de la dernière année l’immense bonheur de sortir dehors à minuit sans aucune autre raison que de me coucher en plein milieu de la rue pour observer les étoiles (attention, j’habite en plein milieu du bois… aucun danger. Je ne recommande à personne de le faire sur un boulevard passant).
Moi qui rêve d’aventures et de découvertes, plus d’une fois cette année, j’ai pris ma voiture pour rouler vers des endroits de ma région que je n’avais jamais vus auparavant. J’ai emprunté des chemins insoupçonnés. Je me suis perdue pendant des heures dans la nature, simplement, en toute liberté.
Je sais que ce n’est pas évident pour personne actuellement. Mais je sais aussi une chose depuis longtemps : nous avons été créés non pas pour seulement vivre, mais pour rêver. Et personne n’a le pouvoir de nous empêcher de le faire. La preuve est que, même en dormant, nous conservons la faculté de rêver. Bien sûr, il faudra user de créativité, d’imagination, et revoir nos paramètres. Mais continuez, pour votre santé mentale, pour que vos yeux brillent. Et, surtout, pour que votre coeur puisse vibrer à tous les jours!
Comment continuer de rêver en pleine pandémie? En le faisant, tout simplement!
Mélissa
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