On dit que pour connaître la suite d’un livre, il faut d’abord et avant tout terminer un chapitre en cours.
C’est un peu la même chose dans la vie. Du moins, c’est ce que je vis actuellement. Depuis 5 ans, ma vie a drastiquement changé. Tout y est passé. J’ai fermé les entreprises que j’avais depuis 15 ans, je me suis séparée, j’ai démarré un nouveau projet qui m’a amené partout en francophonie mondiale.
Et j’ai évolué. Beaucoup.
Il me restait cependant un élément important à compléter: Partir de la maison que j’occupais depuis 20 ans. Ce n’était initialement pas dans les plans. Je pensais que j’allais y rester encore. J’avais des plans professionnels pour cette maison qui a vu mes enfants grandir. J’ai cependant compris que j’agissais ainsi par insécurité. Que c’était difficile pour moi de tourner la page, car j’avais 1001 peurs qui m’habitaient. Pourtant, je sentais que j’étais ailleurs, que j’étais prête pour expérimenter de nouvelles choses.
C’est 20 ans de ma vie au Turtle Lake. À peine âgée de 17 ans, en cachette, le lendemain de mon bal de finissants, j’achetais une toute petite maison. C’était complètement illégal étant donné mon jeune âge, le notaire ne comprenait pas du tout ma démarche, mais je l’ai fait temporairement pour l’officialiser le jour de mes 18 ans quelques mois plus tard.
J’y ai tout vécu: mon adolescence, le début de mon parcours entrepreneurial, ma maternité, de violents ouragans, ma reconstruction et les possibilités d’une toute nouvelle histoire. À travers les murs de cette maison rénovée avec le temps, j’ai pu accueillir des centaines d’enfants et d’adolescents qui y venaient pour apprendre la musique. J’ai entendu leurs confidences, leurs rêves et leurs espoirs.
Ma demeure m’a entendu pleurer à de maintes reprises. Elle m’a vu malheureuse, déchirée, troublée. Elle m’a vu me perdre, et me demander si c’était possible de trouver le bonheur. Elle a entendu des cris, des incompréhensions. Elle a été aux premières loges de toutes mes plus grandes peurs.
Cette maison est et sera toujours le symbole pour moi du courage, de la résilience, et la compréhension totale qu’on peut, à tout moment, faire de nouveaux choix.
Il y a 4 ans, dans la première réecriture de mon histoire, j’ai dû demander à mon papa de m’endosser pour le rachat de celle-ci. J’avais si honte de ne pouvoir le faire seule, mais je voulais y demeurer avec mes cocos. Je ne savais même pas si j’allais être capable de faire les paiements! Je n’étais pas solvable ayant été travailleuse autonome toute ma vie. Aucune institution financière ne voulait prendre le risque de me faire un prêt hypothécaire.
J’ai appris à me refaire confiance en sachant que j’étais maintenant habitée d’une force que je ne soupçonnais pas. J’ai eu mille idées folles qui sont devenues réalité. J’ai aimé de nouveau à l’intérieur de ces murs. Un beau grand brun aux yeux bleus. Je nous avais même naïvement imaginé grandir ensemble dans mon petit nid.
J’ai cru à l’impossible. J’ai évolué, grandi et cheminé.
Puis un jour, tout doucement, j’ai su qu’elle n’était plus mienne. Que j’étais mûre pour un nouveau départ. Que nous avions, elle et moi, fait le tour de notre histoire.
20 ans dans une vie… c’est si peu et immense à la fois. Il y a quelques jours, j’ai dit adieu à cette maison qui loge tant de souvenirs. J’ai pris le temps de m’imprégner de tout ce dont je voulais me rappeler: mes centaines de nuits blanches à bercer mes bébés , revoir en image tous les enfants qui y sont venus pour apprendre la musique. Les soupers entre amis, les fous rires, les milliers d’anecdotes. Chaque pièce, chaque morceau, chaque parcelle ont été remerciés.
J’ai terminé un grand chapitre! Et j’ai simplement envie de vous dire de toujours garder espoir que le meilleur est à venir! Que vous avez toutes les raisons du monde de croire en vous, et que oui, cette vie est magnifique lorsqu’on prend le temps de bien regarder!
C’est d’une telle puissance de terminer quelque chose pour en débuter une autre. Les cycles sont d’un naturel évident, mais comme être humains, nous avons souvent tendance à essayer de les contrôler. À lutter même contre eux. Lorsqu’on veut bâtir la suite, ou qu’on la veut différemment, on doit aussi laisser aller ce qui n’est plus. Et ça part souvent de l’intérieur de nous. Comme si on savait qu’une relation, qu’un travail, qu’un mode de vie n’était plus ce dont on avait besoin pour devenir qui on souhaite être.
Merci fabuleuse maison! Tu étais un rêve de petite fille, tu as été la tutrice de la femme que je suis devenue et ma raison de croire que l’Univers conspire à tout moment pour nous aider à créer de la magie!
Je te remercie pour ces 20 années qui resteront à tout jamais gravées dans ma mémoire!
Comment savoir que c’est le bon moment pour fermer un chapitre?
1- Se demander ce dont on a envie et besoin actuellement et voir si notre vie actuelle correspond à ceux-ci.
2- Dresser la liste des 7 valeurs les plus importantes de notre vie et faire passer notre décision à travers les filtres de celles-ci.
3- Lorsque ça devient rapidement lourd, que ça nous demande toute notre énergie, qu’on sent qu’il n’y a plus rien qui nous fait vibrer
4- Lorsque quelque chose de nouveau se présente à nous comme par magie, et que ça semble être facile, et que tout s’aligne comme par magie.
5- Quand notre petite voix nous parle depuis longtemps mais qu’on refuse d’écouter.
6- Lorsque tous les signes sont présents pour qu’on prenne une décision mais qu’on les évite
7- Lorsqu’on a l’impression d’avoir tout vécu et fait réellement le tour de notre histoire
Mélissa
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