J’avais 18 ans quand j’ai lancé ma première entreprise. Je devais payer mes études, et j’étais fatiguée de faire 1000 heures par semaine au salaire minimum. J’avais aussi une petite voix qui me parlait fort, et qui me disait que je n’utilisais pas mon plein potentiel.
Avec toute ma naïveté, sans trop réfléchir, j’ai décidé d’allier ce que je faisais de mieux : l’enseignement et la musique. J’avais déjà été embauchée, quelques années auparavant, par une famille, pour donner des cours de piano à leur fille. En gérer une ou des dizaines, ça ne devait pas être trop compliqué.
Avant, évidemment, l’arrivée des réseaux sociaux, sans argent, même pas pour acheter un piano (tsé l’instrument que je souhaitais enseigner), sans local, ni même aucune espèce d’idée de par où commencer, je me suis juste lancée. Aveuglément. En me répétant que je ne pouvais pas vraiment échouer… et que si ça arrivait, je ne pouvais pas tant perdre.
Un seul petit mois après avoir démarré mon école de musique, je recevais une poursuite de 7000 $ de la part de mon ancien employeur pas très honnête, qui me menaçait de me faire fermer, puisque je lui volais sa clientèle. Mon parcours entrepreneurial démarrait trrrrrrrrèèèèèèès bien. Tout ce que j’avais budgété pour opérer, et le faire correctement, allait passer dans ce processus. J’ai choisi, à l’époque (toujours naïvement), de me défendre toute seule, sans avocat.
Je n’allais sans doute pas remettre tout mon argent durement gagné à quelqu’un de l’extérieur, et ainsi mettre une croix sur mon projet, qui commençait tranquillement à avoir du succès.
Cette école a grandi, grandi et encore grandi. D’année en année, dans le confort de mon foyer, j’avais de plus en plus d’élèves. J’embauchais d’autres professeurs. Je faisais des rénovations et des ajouts à ma maison pour avoir de nouveaux locaux, plus beaux, plus grands.
De fil en aiguille, je suis aussi devenue productrice de spectacles et j’ai pu travailler avec les plus grands du showbizz québécois, tels que Marie-Mai, Marc Dupré, Vincent Vallières, Sugar Sammy, Philippe Bond, les Trois Accords et plusieurs autres. J’ai pu réaliser de grands rêves avec ce projet et j’ai surtout appris seule ce fameux chemin qu’est l’entrepreneuriat.
J’ai pu découvrir les coulisses d’un monde méconnu qui est souvent bien incompris par une très grande majorité de gens. J’ai fait de nombreux essais et erreurs qui ont parfois été de grandes réussites, et d’autres de lamentables échecs. Je me suis découvert une réelle passion à voir des projets prendre forme, en faisant des miracles avec des budgets souvent absents, voire inexistants. J’ai su concentrer toute mon énergie pour trouver des solutions miracles. J’ai aussi pu comprendre à quel point c’est gratifiant de concrétiser une idée et de pouvoir gagner sa vie avec elle.
J’ai été un bébé entrepreneur, pour ensuite devenir une petite fille. Je pense avoir maintenant atteint un beau niveau de femme d’affaires, en continuant encore et encore de me former.
J’avais envie de vous partager les 5 choses que j’aurais aimé savoir avant de devenir entrepreneure. Un genre d’indispensable qu’on ne prend pas toujours en considération, mais qu’il serait tellement important de connaître.
Ça peut parfois être franchement épuisant, mais à d’autres moments tellement stimulant. En ayant une entreprise, on accède à un mode de pensées extrêmement différent. Il est très difficile de décrocher, même après le travail, parce qu’on a continuellement de nouvelles idées. La création, pour bien des entrepreneurs, est un moteur immensément puissant qui fait souvent le succès de plusieurs d’entre nous. Elle peut aussi parfois être notre pire ennemie, puisqu’elle nous fait perdre notre focus, nous éparpille à gauche et à droite, nous fait ajouter constamment des trucs sur nos listes de choses à faire.
J’aurais aimé savoir que, même lorsque j’essaie bien fort, il me sera pratiquement impossible d’appuyer sur “pause”. Que même dans mes moments de détente, des idées feront surface puisque, justement, je leur ai laissé l’espace pour apparaître, en arrêtant le temps. Du matin au soir, notre tête sera sollicitée par des trucs pouvant faire avancer notre entreprise. On s’y fait, avec le temps. On apprend réellement à vivre avec. Il faut cependant essayer de “calmer son lac”, de s’accorder du temps pour soi et d’essayer autant que possible de faire le vide… même quand ça nous apparaît comme impensable.
Je pensais que c’était un mythe, et plus les années passaient, plus je voyais le fossé se creuser. Attention : les entrepreneurs ne sont pas meilleurs que les salariés et vice-versa. On vient juste de deux planètes complètement différentes. Nous ne parlons pas le même langage et nous ne comprenons pas les univers respectifs de l’un et de l’autre. C’est vrai qu’on ne sera jamais capables de se contenter d’un traditionnel 9 à 5. C’est vrai qu’on n’arrivera peut-être pas à prendre trois semaines de vacances complètes, ni à ne plus penser au travail. C’est vrai qu’on voudra très souvent repousser nos limites et remettre en question notre fameuse zone de confort. Et c’est surtout vrai qu’on voit la vie avec une autre paire de lunettes. Comme si on oubliait qu’il y avait des limites. Comme si on comprenait réellement que tout peut devenir possible.
Évidemment, les plans stratégiques, marketing et de croissance feront toujours partie du langage entrepreneurial. Mais la véritable clé de la réussite en affaires sera et demeurera toujours la persévérance. L’entrepreneuriat est loin d’être un lonnnnng fleuve tranquille. Il y aura des tempêtes, des montagnes russes, des journées où on sera profondément convaincue d’être au sommet du monde. Et le lendemain, où on aura juste envie de se rouler en boule et pleurer un bon coup, de découragement. Il y aura aussi, très souvent, des moments où la seule chose qui nous apparaîtra évidente sera d’abandonner. Et on se rappellera qu’on aura toujours un seul choix : tout lâcher ou persévérer. On est attachée à son entreprise. On l’aime d’un amour sans nom. On l’a bien souvent visualisée, rêvée, espérée. Perdurer en affaires vous demandera toujours une seule et unique action : persévérer.
J’ai entendu cette phrase d’un mentor très important dans ma vie, aujourd’hui décédé. ll m’avait dit : Tu sais, Mélissa, tu auras beau avoir toutes les connaissances du monde, et continuer d’en apprendre encore et encore, si tu n’as personne autour de toi pour te protéger, te pousser dans tes limites, te soutenir, te référer et croire en toi, tu ne pourras jamais arriver là où tu souhaites te rendre”. Ça m’est toujours resté.
L’importance de tisser des relations avec vos clients, vos partenaires, vos fournisseurs, et d’avoir un réseau qui pourra participer à la croissance et à l’expansion de votre entreprise est PRIMORDIAL. Avoir une entreprise, c’est, selon moi, d’abord et avant tout, une question de coeur. De relations humaines. De vouloir faire une réelle différence dans notre milieu et entourage. Il faut pouvoir dépasser sa peur d’être vue, aller au-devant des gens pour pouvoir avoir une relation émotionnelle avec eux, et ainsi pouvoir grandir en tant qu’entrepreneur.
On a entretenu trop longtemps le mythe qu’en affaires, il n’y a pas d’amis. Selon moi, C’EST DE LA BELLE BULLSHIT. Au contraire ! Je souhaite ne faire affaires qu’avec mes amis et que mes clientes idéales puissent aussi faire partie de mon monde et que je fasse partie du leur. Je veux pouvoir faire ce que j’aime le plus au monde avec des gens qui me font tripper. Et surtout, j’espère pouvoir découvrir les gens avec qui je pourrai être sur la même longueur d’ondes, puisqu’on a relativement les mêmes idées.
Non, ce n’est pas uniquement un travail. Ni une profession. Ni même une vocation. C’est beaucoup plus que ça. Il s’agit d’un mode de vie.
C’est de comprendre qu’on a la possibilité de se créer une vie à son image, et réaliser l’importance de prendre ses responsabilités en tout temps. Que si on ne progresse pas selon ses valeurs et ce qui est non négociable pour soi, c’est un peu, beaucoup, notre faute, puisqu’on ne se donne pas les moyens pour y arriver.
C’est un fabuleux laboratoire humain pour défaire ses croyances et blocages profondément ancrés, qui nous empêchent d’atteindre nos objectifs.
C’est une façon d’explorer continuellement ses zones d’ombre et de lumière, ses forces et ses faiblesses.
C’est une passion qui cohabite avec notre réalité quotidienne, qui nous amène à devenir une meilleure personne. C’est aussi une responsabilité de contribuer à un monde meilleur.
Le simple fait d’offrir nos services, nos produits, de concrétiser une idée qui était au départ floue et abstraite et d’en faire un véritable projet viable, devient aussi une façon d’avoir un impact sur des gens autour de nous.
C’est de découvrir un réel monde parallèle où des gens ont accepté de redéfinir les conventions sociales pour aller toujours un peu plus loin.
Si on m’avait dit tout ça il y a maintenant 18 ans, ça aurait évidemment encore plus renforcé mon choix, qui semblait le plus illogique du monde, à l’époque. Pour tous ceux et celles qui se sont toujours sentis un peu à part dans la réalité qu’on nous propose, depuis que nous sommes petits, sachez que vous n’êtes pas seuls ! Il y en a plusieurs qui, comme vous, ont choisi de sortir de la boîte pour créer quelque chose qui leur ressemble davantage.
Et pour la petite histoire, sachez que j’ai gagné haut la main en cour… je n’ai jamais eu à payer le 7000 $ demandé. Mes anciens employeurs ont fait faillite. Et le juge était très impressionné qu’une jeune fille de 18 ans arrive aussi solide en cour avec les arguments parfaits pour faire valoir son point !
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